Ferenc Erkelmagyarul

Ferenc Erkel  
(1810-1893)  

 

Ferenc ERKEL est né le 7 novembre 1810 à Gyula, la maison de style classiciste où il est né, de nos jours est ouvert au public.

Au XIXe siècle, Gyula était une petite ville cosmopolite comptant quelques milliers d´habitants allemands, roumains et hongrois. Son père, József ERKEL (1787-1855) jouait un rôle important comme chef d´orchestre et enseignant dans la vie musicale de la ville. Il a épousé Ruttkay Klára Terézia (1790-1865), la fille du baile de la seigneurie. Parmi les dix enfants nés de ce mariage (deux filles et huit garçons), Ferenc était le second et l´aîné des garçons.

Le petit garçon a commencé ses études à l´école primaire allemande, puis il a continué à l´école primaire hongroise de Gyula. Son père et son grand-père étant des musiciens très expérimentés, la musique occupait naturellement une place essentielle dans sa vie. Ferenc jouait très bien du piano et il le prouvait devant le public de Gyula.

Il fit ses études au lycée de Nagyvárad (Oradea, actuellement en Roumanie), puis chez les Bénédictins à Bratislava. Henrik KLEIN, excellent professeur de musique assurait son éducation musicale. Parallèlement à ses cours théoriques et de piano, il fut marqué par des rencontres musicales inoubliables, comme la musique de verbunk (danse de recrutement), le violonceliste de János BIHARI ou la virtuosité de Ferenc LISZT.

Avec toutes ces expériences et connaissances musicales, à l´âge de 18 ans, il partit à Kolozsvár (Cluj-Napoca, actuellement en Roumanie) pour enseigner le piano au comte Kálmán CSÁKY. Pendant les années passées chez le comte comme professeur, Erkel se lia d´amitié avec József HEINISCH et découvrit les premières œuvres de l´opéra hongrois à structure simple, qui étaient d´une importance capitale. Entre-temps, il n´arrêtait pas de perfectionner ses compétences musicales.

En 1834, son jeu musical au Casino national, lui valut une grande reconnaissance publique. Bientôt, il retourna à la capitale et en 1835 accepta un poste de chef d´orchestre à "Budai Magyar Színjátszó Társulat" (Compagnie théâtrale hongroise de Buda). À 25 ans, il dirigeait déjà des opéras. L´année suivante, il quitta la compagnie pour le "Német Színház" (Théâtre allemand). En revanche, il dut bientôt abandonner le théâtre pour répondre à la proposition du "Pesti Magyar Színház" (Théâtre hongrois de Pest), nouvellement construit, où il travaillait comme chef d´orchestre à partir de 1838. Durant les premiers mois, Erkel ne dirigeait que les œuvres des compositeurs étrangers, mais à la demande de son public, il se lança dans la composition. Entre-temps, des changements étaient survenus dans sa vie privée, comme son mariage en 1839 avec Adél ADLER.

En 1840, il composa le Bátori Mária qui était le premier opéra national dans l´histoire de l´opéra hongrois. Le 8 août 1840, pour lui rendre hommage, cet opéra a été joué pour la première fois à l´inauguration du Théâtre National. Le succès et le désir de se perfectionner le poussa à continuer la composition. Sa situation au Théâtre National s´est renforcée et il devint un acteur de plus en plus connu et reconnu de la vie musicale hongroise. Les œuvres les plus importantes (Hunyadi László, Bánk Bán) du point de vue de l´histoire de l´opéra ont vu le jour plus tard.

Ses ouvres prennent de l´importance à plusieurs points de vue. Lors du concours de composition proposé par András BARTAY pour mettre en musique le poème de Mihály VÖRÖSMARTY, le Szózat (Appel à la nation hongroise), Erkel fut invité par Bartay à participer au jury ce qui expliquait l´absence de son nom sur la liste des candidats. Malgré cela, il a quand même composé une partition pour le poème qu´il présenterait ultérieurement et qui même si elle ne connaissait pas autant de succès que celle de Béni EGRESSY qui avait remporté le premier prix du concours, elle fut une étape significative pour la composition nationale. Quelques mois plus tard, András BARTAY lança un nouveau concours pour la mise en musique du Himnusz (l´Hymne) de Ferenc KÖLCSEY. Cette fois-ci, Erkel ne faisait pas partie du jury et il put ainsi envoyer sa partition – sous un pseudonyme comme les autres candidats – qui conquit enfin le public hongrois et qui est même aujourd´hui la musique officielle du Himnusz. La situation politique de l´époque et l´oppression du peuple hongrois au sein de la Monarchie austro-hongroise expliquaient l´état d´âme désespéré du peuple. Erkel partageait le malheur du peuple qui galvanisait son désir de composer comme ce fut le cas lors du concours concernant le Szózat – il n´ait pas pu déposer sa candidature. Le chant de l´hymne des Habsbourg lors des événements officiels devait gravement heurté l´esprit d´un compositeur hongrois rempli de sentiments nationaux.

Jusqu´au déclenchement de la révolution il n´arrêta pas de composer (la mise en musique des ouvres folkloriques) et parallèlement, il travaillait à "Pest-Budai Hangászegyesület" (Association de Sons de Pest-Buda) comme chef d´orchestre. Pour la chanteuse d´opéra, Anne de la Grange, invitée en Hongrie à cette époque, Erkel composa une nouvelle version – plus difficile, mais plus belle aussi – de l´aria de Szilágyi Erzsébet dans le Hunyadi László, dont le succès fut énorme. Depuis, l´aria porte le nom La Grange.

Erkel joua un rôle déterminant dans la vie publique : en 1853, en collaboration avec quelques excellents musiciens, il a fondé la "Filharmóniai Társaság" (Société Philharmonique de Budapest) et parallèlement, il essaya d´organiser le Cercle d´échecs de Pest, mais ceci lui prit plus de temps. En ce qui concerne sa vie privée, elle subit des bouleversements : en peu de temps il a perdu son père, sa fille, Ilona et son petit frère, József ; son mariage s´était dégradé et sa femme était retournée à Gyula. L´ouvre la plus remarquable de cette période est l´opéra Erzsébet, présenté en 1857, dont Erkel composa seulement le second acte, le reste a été fait en collaboration avec les frères Doppler, compositeurs et flûtistes.

Il travailla pendant longtemps sur son opéra suivant qui fut enfin présenté le 9 mars 1861. C´était le Bánk Bán qui, paraît-il, a été composé sous un arbre. Ce vieil arbre presque mort se trouve toujours dans l´ancien parc du Château de Gyula (qui fait partie aujourd´hui des Thermes du Château).

En 1862, fut présenté son opéra-comique, le Sarolta. L´opéra suivant, le Dózsa György présenté en 1867, ne connut pas un grand succès.

Les principaux acteurs de la vie musicale hongroise étaient souvent obligés de s´entraîner à l´extérieur des frontières du pays. Ce problème a été résolu par l´ouverture de l´Académie de musique, le 14 octobre 1875. Cet institut dont le président était Ferenc LISZT, visait à assurer une éducation musicale de qualité, Ferenc ERKEL fut le premier directeur. D´autres musiciens, tel Róbert VOLKMANN, Kornél ÁBRÁNYI ou Sándor NIKOLITS y enseignaient également.

En 1874, Erkel prépara son nouvel opéra, le Brankovics György, dont la première représentation eut lieu au Théâtre National ainsi que celle du Névtelen hősök (Les Héros anonymes) achevé en 1880. En outre, on terminait bientôt la construction d´un théâtre consacré à l´opéra.

Enfin en 1884, l´ouverture de l´Opéra royal hongrois marqua le début d´une nouvelle ère pour l´opéra hongrois. La présentation du István király (Le roi Étienne) eut lieu le 15 mars 1885 dans ce nouveau centre de la musique classique. Cette ouvre n´est pas classée parmi ses opéras personnels, étant donné qu´une partie importante de l´opéra fut composée par ses deux fils reconnus déjà à cette époque comme des musiciens professionnels, Elek ERKEL (1843-1893) et surtout Gyula ERKEL (1842-1909). Erkel eut 9 enfants, son quatrième fils, Sándor (1846-1900), est devenu un des plus grands chefs d´orchestre de son époque.

En raison de son âge avancé Erkel a démissionné du poste de directeur de l´Académie de musique, puis de celui de professeur. Le dernier spectacle du pianiste compositeur a eu lieu lors de la fête de son quatre-vingtième anniversaire. Lentement, tous ses amis, aussi bien que ses rivaux avaient disparu, et lui seul eut la chance de connaître une grande partie du XIXe siècle et de laisser des fils musiciens. Il n´avait vécu que de la musique et pour la musique.

En dehors des opéras il a composé des chansons, des musiques d´accompagnement, des pièces pour piano et des ouvres pour orchestre. La richesse de sa vie professionnelle reste un exemple à suivre.

Erkel est mort le 15 juin 1893. Une statue fut érigé à son honneur dans sa ville natale.

Traduction: Emőke Szász

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